L'impossibilité d'une île ?

Isabelle Le Bal et Régis Berthelé
Ouessant transport

De tout temps, les habitants des îles du Ponant ont bénéficié d'un service public de transport comme tous les Finistériens, le bateau remplaçant ici l'autocar. Du service maritime départemental jusqu'à la délégation à la Compagnie Penn Ar Bed, le transport vers les îles a toujours été soutenu par les collectivités locales pour d'une part diminuer les contraintes liées à l'isolement et d'autre part garantir une égalité de service public quelle que soit la commune où l'on réside.

Début janvier, le changement de prestataire de transport assurant la liaison vers les îles d’Ouessant, Molène et Sein, voté par le Conseil Régional de Bretagne entraînera la totale disparition des cartes de transport spécifiques prévues pour les habitants des communes insulaires. Le nouveau système choisi par les élus régionaux propose de mettre en place un système d'abonnement annuel pour tous comme pour une carte de métro ou de TER.
 
Le principe des cartes d'insulaires apportait un tarif réduit pour les habitants à l'année et un autre également pour les résidents secondaires ou apparentés. Les résidents secondaires à Ouessant sont pour leur grande majorité des enfants ou petits-enfants d'îliens qui ont choisi de conserver leur patrimoine sur l'île à laquelle ils sont viscéralement attachés. Être d'une île, c'est spécial.
 
Bien sûr, nous connaissons le contexte qui a conduit les conseillers régionaux à répondre aux injonctions européennes relatives à l'égalité des tarifs. La réponse apportée est cependant délibérément technocratique et comptable, sans qu'aucune volonté ne s'exprime de trouver une solution politique qui tienne compte des conditions de vie des Bretons des îles.
 
On avait déjà pu noter avec humour que le schéma électrique appliqué à Ouessant était identique à celui des îles d'outre-mer, mais pour le schéma transport, aucun élu n'a eu l'idée de réfléchir à un tarif adapté à la situation des insulaires bretons ! 
 
Cette situation constitue donc un signal désastreux pour les îliens qu'ils soient locataires, propriétaires principaux ou secondaires. Toutes les études le confirment : le coût de la vie est déjà fortement supérieur à celui du continent à cause du surcoût du transport des marchandises. La vie insulaire est soumise à de multiples dépenses contraintes, les habitants ne bénéficiant pas non plus des mêmes services publics sur place ou accessibles d'un coup de voiture... Le soutien au billet de bateau n'était pas seulement une légitime compensation mais un pis-aller pour garder une forme d'égalité des citoyens devant le service public. Ne parlons pas ici d'aménagement du territoire ou de solidarité, ces valeurs ont disparu dans le courant...
 
Excepté des questionnaires en ligne, l'écoute des besoins de la population a été insuffisante. Si l'on peut se réjouir d'un aller-retour supplémentaire dans la journée du mercredi à partir des îles, le nombre des traversées maritimes et leur organisation pratique prennent beaucoup plus en compte les flux touristiques que les besoins de développement économique et la sécurité des îliens.
 
Autrefois, des élus départementaux et régionaux comme Jean-Yves Cozan savaient défendre le point de vue des insulaires tout en engageant des négociations avec les pouvoirs publics pour apporter des réponses innovantes et adaptées aux îles.
 
Nous demandons donc au Président Chesnais-Girard de revoir sa copie et de proroger la date du 3 janvier 2023 pour se donner le temps de trouver une autre solution plus convenable pour tous.

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